PSG-OM : les raisons de la haine

Entre le club parisien et le club marseillais, les échanges sont souvent houleux, entre joueurs, entre dirigeants comme entre supporters.

Mais l'histoire de la Ligue 1 (ex-division 1) prouve à quel point la rivalité PSG-OM a été fabriquée de toutes pièces depuis une vingtaine d'années... Pourquoi les deux clans se détestent-ils ? Découvrez l'analyse de la rédaction MSN.

Au début des années 90, en dépit de moyens supérieurs du côté parisien, le PSG et l'OM sont au coude à coude pour remporter le titre au début des années 90. 

Marseille remporte des matchs décisifs contre le PSG en 89 et 92 qui permettent aux méridionaux de devenir champions de France devant le PSG. Puis en 1994, c'est au tour du PSG de terminer devant l'OM...

Une concurrence effrénée

Certains de ces matchs sont d'une rare violence comme celui de décembre 1992. Bilan : plus de 50 fautes, et une myriade de gestes antisportifs.

Avant tout match entre le PSG et l'OM, les déclarations des dirigeants ont parfois franchi les limites du raisonnable. Comme cette sortie de l'entraîneur parisien Artur Jorge en décembre 1992 avant un match au Parc des Princes : 'On va leur marcher dessus... L'OM va vivre l'enfer'. L'ailier parisien David Ginola parle même de 'guerre'.

De son côté, Bernard Tapie photocopie, agrandit la déclaration puis l’affiche dans les vestiaires du Parc des Princes. Sans surprise, la rencontre est une boucherie : plus de 50 fautes, des gestes antisportifs en série.

Grande classe

Avant un match à Marseille en 1991, alors président du PSG, Francis Borelli lâche un très maladroit : 'Nous allons en terre hostile... J'allais dire étrangère'.

De son côté, Bernard Tapie contre-attaque : ' Tout se passera bien si Borelli ne fait pas son cinéma'.

Depuis l'arrivée de stars internationales comme Zlatan Ibrahimovic ou Thiago Silva au PSG, on peut soupçonner certains fans de l'OM d'une certaine jalousie... D'autant que les moyens sportifs manquent cette année à Marseille, le recrutement se faisant a minima, la cellule sportive du club n'ayant pas les moyens du club parisien.

Perles de jaloux qui ne s'assument pas... Michel Tonini, leader des Yankees : 'Ce qui nous manque, c’est l’OM. Le PSG, on s’en fout. Si le PSG disparaît demain, ce qui arrivera avec le départ des Qataris, nous, on sera toujours là. On aura juste un autre adversaire. Lyon a essayé d’être cet adversaire pendant sept ans. Nos adversaires, on se les invente!'

Le présentateur de TF1 Jean-Pierre Foucault, président de l'association du club, va même plus loin : 'L’OM est un vrai club de foot. Le PSG, c’est une banque ! C’est le foot qui va gagner. L’argent, ça n’est pas tout, il faut de l’âme, du cœur. On est supporter de génération en génération. A Paris, les Parisiens n’existent pas. Le Parisien, c’est un conglomérat de personnalités ou de personnes qui viennent de toutes les régions pour y souffrir et fabriquer leur retraite.'

Si les deux clubs sont officiellement 'ennemis' sportifs, leurs oppositions sont restées jusqu’à la fin des années 1980 assez banales. En effet, à l’époque, les vrais rivaux de l’OM sont Saint-Etienne, Bordeaux, voire Nice et Nîmes pour la suprématie régionale.

Anecdote impensable de nos jours : en février 1975, les leaders des deux clubs se retrouvent sous le maillot duRacing pour rendre hommage à un ancien rugbyman du club francilien !

Le début de la forte rivalité entre le PSG et l'OM commence vraiment au début des années 90. A l'époque, le président de l'OM, Bernard Tapie, est conscient que son équipe domine trop facilement le championnat de France (de 1988 à 1992) et craint que le championnat devienne ennuyeux.

Pour d'évidentes raisons marketing, Tapie cherche, par déclarations interposées, à favoriser cette rivalité. A fortiori quand Canal + prend la direction du PSG, avec la volonté de conquérir de nouveaux marchés (et de nouveaux abonnés)...

Dès lors, la tension médiatique s'accroît à mesure que l'intérêt sportif grandit : par presse interposée, les deux clubs se défient et se narguent, accentuant la tension entre supporters.

Preuve que Bernard Tapie comme Michel Denisot tenaient à la rivalité entre les deux clubs : d'après le journalisteJean-François Pérès, cité par La Provence, Tapie aurait initié le président du PSG aux 'arcanes du football' à l'occasion d'un voyage en avion.

Autre motif majeur de brouille entre les deux clubs : en 1999, le PSG s'incline à la dernière minute (2-3) contre Bordeaux au Parc des Princes, offrant le titre aux Girondins et privant l'OM d'un titre de champion de France.

Accusé par le camp adverse d'avoir 'levé' le pied, le PSG se défend alors dans la presse et assure avoir joué la partie avec motivation.

Un coup de poignard ?

Pourtant, récemment, l'ancien défenseur du PSG Francis Llacer confirme le manque de motivation, à l'époque, de son équipe sur RMC : ' On n’était pas à 100 % motivé pour faire un résultat contre Bordeaux. Je n’étais pas le seul. Après, peut-être que cela a dû se voir chez moi plus que chez les autres… Etant vraiment frappé de l’empreinte du club et étant né à Paris, je voyais d’un meilleur œil le fait que le titre de champion aille aux Girondins de Bordeaux'.

Des déclarations qui n'ont rien fait pour améliorer les relations entre les deux équipes... 

Marseille contre Paris, c'est la capitale contre le seul club français qui a remporté la Ligue des champions. Toujours à l'heure actuelle, Marseille est le club préféré des Français devant... le PSG, d'après un sondage réalisé par Advent à la demande du quotidien Le Parisien.

Toutefois, changement notable : ce sondage révèle que le PSG est à nouveau le club le plus populaire en Ile-de-France après une période de domination de l'OM dans le cœur des supporters de la région... Armé de ses stars, le PSG va-t-il remporter la bataille de la popularité en France ?

Auteur d'un ouvrage 'OM-PSG, les meilleurs ennemis, enquête sur une rivalité', le journaliste poursuit son analyse :

'La manière dont les matchs sont mis en scène sur Canal + indique clairement que les deux hommes souhaitent qu'une rivalité se développe. Pour cela, on emploie un vocabulaire guerrier, on choisit une stratégie de tension. [...] Tapie et Denisot vont même jusqu'à commenter ensemble un match sur Canal, ce qui reste unique dans les annales.'